Le pays est au bord d’un gouffre majeur. La hausse incessante des prix au Gabon agit comme un multiplicateur de pauvreté, plongeant des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire et le désespoir. Même lorsque les denrées alimentaires sont disponibles, les familles n’ont tout simplement pas les moyens de s’en procurer et la flambée des prix met un repas de base hors de portée de nombreuses familles pauvres qui avaient déjà du mal à s’en sortir.
C’est en tentant d’exécuter les instructions d’Ali Bongo Ondimba, que le premier ministre gabonais Alain Claude Bilie-By-Nze a procédé le 12 avril 2023 à Libreville, à l’ouverture des Assises nationales sur la vie cher. Une réunion qui a rassemblé les opérateurs économiques, la société civile ainsi que les partenaires au développement. Ces assises atteindront-elles l’objectif visé par le gouvernement alors que les autorités de contrôle des prix sont gangrénées par une corruption notoire?
Sur l’ensemble du territoire national gabonais, c’est l’ augmentation des prix alimentaires qui est la plus importante depuis 2016, juste après la dernière élection présidentielle. C’est en particulier la flambée des prix des huiles végétales, du sucre, du poisson, du poulet et même le transport y compris des céréales qui fait problème dans les ménages. Les prix des denrées alimentaires sont donc en augmentation dans tout le pays.
La montée vertigineuse de la corruption semble être un non évènement dans le landernau politique gabonais. Comme s’ils avaient tous peur de se lancer dans un domaine où chacun se reproche des choses, les politiques se terrent dans un mutisme inexplicable ou des réactions timides dans la presse.
Depuis l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir, la populations gabonaise a perdu toute confiance en ses institutions. Elle les savait fragiles mais espéraient qu’au fil du temps, ces institutions se renforceraient et contribueraient progressivement à l’ancrage de la démocratie. Plus le temps passe, plus l’espoir d’un processus démocratique réel fait place au constat douloureux de l’instauration d’une ploutocratie institutionnelle voire une « floutocratie » où les dignitaires vivent le paradis terrestre et les citoyens s’enlisent dans leur grande majorité, dans la misère noire.
Le Gouvernement Bilie-By-Nze a encore montré toutes ses limites en seulement quelques mois. A la vérité, c’est le système lui qui est essoufflé et la société d’espérance promise par Ali Bongo se réalise malheureusement dans le sens contraire. Les Gabonais s’écroulent progressivement sous le poids des choix malheureux de politiques publiques et un système de gouvernance bâti sur le louvoiement, la prédation, la navigation à vue, la course effrénée à l’enrichissement personnel et le culte de la personnalité. Il est temps de penser à la refondation de l’Etat. Autrement, aujourd’hui ou demain, on foncera tout droit dans le mur des abîmes et des lamentations.