La concertation pour réformer le système électoral gabonais afin d’éviter de nouvelles crises comme celle de 2016, n’a malheureusement produit qu’un résultat décevant comparé aux attentes d’une majeure partie de l’opposition gabonaise. Initialement prévue avant la fin de l’année en cours, la présidentielle aura-t-elle lieu à temps? Sans calendrier et révision de la liste électorale, le ministère de l’intérieur s’exprime par un silence absolu face à cet horizon incertain.
À 4 mois du scrutin, qu’en est-il du calendrier électoral ? Est-ce que l’élection prévue en août 2023 va avoir lieu ? L’opposition et la société civile commencent à avoir un doute effréné.
Les propositions et recommandations traduites en texte de loi après réunion entre la majorité et certains membres de l’opposition soulèvent de nouvelles craintes sur la volonté des autorités de transition à respecter non seulement le chronogramme électoral, mais ne permettent aucun retour à l’ordre constitutionnel, d’après l’opposition radicale et la société civile.
Le Centre gabonais des élections (CGE), qui est l’autorité indépendante de gestion des élections et le ministère de l’intérieur, chargés d’organiser les scrutins, connaissent un sérieux retard dans la mise en place de ses démembrements. Aussi, la cadence de tortue imprimée dans l’enrôlement des citoyens pour l’actualisation des cartes biométriques et les divisions autour des mesures prises à la fin de la concertation, ont infléchi la position du Gouvernement sur la publication d’un calendrier électoral. Ce qui semble être la véritable cause d’un report du scrutin relève d’une absence d’organisation et surtout du manque de confiance qui s’est installé au Parti démocratique gabonais (PDG), depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) d’Ali Bongo à Ryad, en octobre 2018.
À qui va profiter réellement ce report ? quand on sait que l’opposition va sans doute ressortir le sabre dès qu’elle se rendra compte des velléités de pérennisation au pouvoir du régime oligarchique et dictatorial. Ali Bongo et les siens, gênés aux entournures puisqu’ils n’ont manifestement pas pu mettre en pratique le 1/4 de leur projet de société après 14 ans de règne tyrannique, devront avoir la sagesse de ne pas s’arcbouter au pouvoir, sous peine de voir les choses partir davantage en vrille.
Reporter le scrutin pourrait se révéler être un couteau à double tranchant entre les mains des hommes forts du palais du bord de mer, et on espère, qu’ils auront assez de lucidité pour ne pas galvauder cet immense capital de sympathie dont ils jouissent auprès de nombreux Gabonais, en quittant les choses avant que les choses ne les quittent.