Un journaliste gabonais s’insurge contre les mises en cause d’un peuple accusé d’être « tenu par le ventre ». Un point de vue décapant qui rappelle que les vieux contentieux des années précédentes entre élites et classes populaires n’ont pas disparu.
Peuple moutons « tenu par le ventre… ». Après la réélection falsifiée d’Ali Bongo en 2016, sur les réseaux sociaux, une grande partie de la diaspora et certains intellectuels gabonais ont mis en cause leur peuple estimant que ce dernier a finalement le régime qu’il mérite.
À les entendre et à les lire, ce n’est donc pas de leur « faute » si un système sclérosé veut permettre une fois de plus, à un Ali Bongo Ondimba malade, incapable de parler et de marcher correctement, de rempiler pour un troisième mandat. Ce n’est pas leur faute si le Gabon recrée, dans un mélange de légion étrangère et de tyrannie, la présidence à vie.
Cette énième mise en cause du « peuple » par les « élites » qui lui reprochent de ne pas bouger mérite certains rappels. La majorité des Gabonais n’a pas « bougé » effectivement malgré l’oppression impitoyable d’Ali Bongo face à son peuple.
Plusieurs groupe de l’opposition et de la société civile appellent à manifester dans la rue contre un troisième mandat d’Ali Bongo. Jusque-là, personne ne bouge, faudrait que personne ne bouge pas aussi pour aller aux urnes fournir l’alibi à la formalité électorale organisée par le régime.
Les Gabonais, qui depuis les années 1964, payent les tentatives de changement à un prix exorbitant dans une immobilité intelligente.
Pourquoi ne bougent-ils pas alors que la plupart partagent leur écœurement devant la tragi-comédie d’un troisième mandat d’Ali Bongo? Parce que ceux qui forment l’opposition et la société civile aujourd’hui sont ces mêmes qui ont participé aux crimes contre le peuple lorsqu’ils appartenaient au Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir sans partage depuis plus d’un demi-siècle.
Selon une source proche du palais du bord de mer, le « despote » Ali Bongo dispose d’un trésor de guerre susceptible de lui assurer une tranquillité durant plusieurs années sur le fauteuil présidentiel. Reste que l’état de santé du président et le sabotage des institutions ( c’est Sylvia Bongo, première dame et quelques laquais du pouvoir qui prennent les décision à la place d’Ali Bongo depuis pratiquement 5 ans), contribuent à paralyser encore plus l’appareil économique.
Dans ce cas de figure, le Gabon devient un pays sans foi ni loi qui ne cesse chaque jour de courir ver une dérive inévitable si rien n’est fait!